Terrorisme: la France en guerre sur trois fronts

Terrorisme: la France en guerre sur trois fronts

Si l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, n’avait pas conduit à des représailles militaires de la part de la France contre al-Qaïda (Aqpa) et l'EI, les deux groupes ayant revendiqué les attentats de début janvier 2015, les stratégies ont commencé à évoluer après les projets d’attentats contre des églises de région parisienne, et après l’attaque ratée du Thalys à l’été 2015. Les frappes aériennes au Moyen-Orient se sont accrues après les attentats de novembre.

 A l’été 2015, les services de renseignements français acquièrent la certitude que ces opérations étaient téléguidées depuis la Syrie. Le terme de « sécurité nationale » apparaît pour justifier « politiquement » l’entrée en guerre de la France contre l’organisation Etat islamique en Syrie fin septembre. Mais jusqu’aux attaques du 13 novembre dernier, peu d’objectifs sont bombardés, faute d’avoir collecté assez de renseignements.

 Dans les sept semaines qui suivent, les frappes françaises en Syrie et en Irak augmentent significativement représentant près du quart du total des bombardements français réalisés depuis le 19 septembre 2014. Plus d’une centaine de frappes sont déclenchées contre des postes de commandements de l'EI, des centres d’entrainement, des sites pétroliers, des ateliers de fabrication de munitions artisanales ou encore des positions jihadistes. La France et les Etats-Unis renforcent considérablement leurs échanges de renseignements et les frappes américaines augmentent en solidarité avec la France.

 Pour quels résultats concrets ? Mise à part l’élimination annoncée par les Etats-Unis et confirmée par la France du jihadiste français Charaffe al-Mouadan, lié au commando terroriste du Bataclan, Paris ne communique jamais sur les résultats ces raids aériens ni sur les pertes enregistrées par l’adversaire.

La lutte contre le terrorisme est désormais la principale mission des armées, assure le ministère français de la Défense. Pour ce seul combat, la France est officiellement engagée sur trois fronts.

 Deux extérieurs. Au Sahel, tout d’abord. Depuis 2013, la France est présente au Mali, où l'opération Serval a laissé place au dispositif régional Barkhane, regroupant près de 4000 soldats. L'armée française s'attaque au flux logistique des terroristes, au trafic de drogue et d'armement, et tente de démanteler les groupes armés. En mai 2015, elle élimine le chef de la katiba Al-Ansar d'Aqmi, Abdelkrim al-Targui, qui avait revendiqué l’assassinat des journalistes de RFI au Mali. Au total, une quinzaine de cadres ont été éliminés ces trois dernières années. En novembre dernier, les forces spéciales françaises sont intervenues pour épauler les unités d'interventions maliennes lors de la prise d'otage, de l'hôtel Radisson Blu à Bamako.

 Au Moyen-Orient ensuite. La France fait partie de l’opération Chammal de la coalition en Syrie et en Irak contre le groupe Etat islamique, dont les réseaux frappent en France. L’armée française est présente avec actuellement 3000 hommes. Depuis septembre 2014, l'armée française a réalisé près de 400 frappes aériennes dans ces deux pays et a déployé des forces spéciales dans le nord de l'Irak. A Paris, l'état-major réfléchit aujourd’hui à une intervention en Libye, en soutien aux forces locales contre l'organisation de l'Etat islamique.

 Enfin, le troisième front est intérieur à travers la protection de son propre territoire. Environ 10 000 soldats sont engagés dans la mission Sentinelle. Protection des lieux des cultes, des gares, des aéroports, des grands magasins, des lieux de pouvoir, ainsi que les stations de police, dont les forces sont une cible privilégiée des cellules terroristes. Ce jeudi 7 janvier, un homme a été abattu à la mi-journée devant un commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris.